Marc Vivien Foé démarre sa carrière à 19 ans à Yaoundé mais très vite il reçoit des sollicitations de clubs européens, il décide de rejoindre le Racing Club de Lens. Ensuite, il portera les couleurs de Lyon, Whest-Ham et Manchester City. Cette carrière s’arrêtera malheureusement bien trop tôt, le 26 Juin 2003. Il aurait eu 41 ans le 1er mai 2016.
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Un début sur les chapeaux de roue :
En tant que vainqueur de la Coupe d’Afrique des Nations en 2002, le Cameroun, de Marc Vivien Foé, a l’occasion de participer à la Coupe des confédérations lors de l’été 2003. Dans cette compétition les adversaires du Cameroun sont le Brésil, la Colombie, la Turquie, la Nouvelle Zélande, les Etats Unis, le Japon et la France qui organise le tournoi.
Présente dans le groupe B, en compagnie du Brésil, de la Turquie et des Etats Unis, le Cameroun réalise le premier exploit du tournoi en battant la sélection brésilienne, championne du monde en titre, sur un but du jeune Samuel Eto’o. Face aux Turcs les Lions Indomptables l’emportent dans les dernières secondes grâce à un pénalty de Geremi. Dans le dernier match face aux USA, un nul suffit à la sélection africaine pour virer en tête du groupe. Marc Vivien Foé, épuisé par une longue saison (35 matchs en championnats) anglaise avec son club de Manchester City sera laissé sur le banc par son sélectionneur, Winnie Shaeffer, pour ce dernier match. Ses partenaires obtiendront le match nul et se qualifient pour les demi-finales.
Après cette qualification, le Cameroun peut légitimement envisager de devenir la première équipe africaine à remporter la coupe des confédérations qui regroupent les meilleures équipes de chaque continent.
Dans l’autre groupe la France et la Colombie se qualifient assez facilement.
En terminant en première position de son groupe, le Cameroun évite la France en demi finale mais devra affronter la Colombie d’Ivan Cordoba.
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Le drame :
Sans le savoir le numéro 17 camerounais va vivre son dernier match, ses derniers instants de vie… Au stade de Gerland à Lyon. Lyon, où le milieu défensif, jouera deux saisons en remportant une coupe de la ligue en 2001 et un championnat de France après celui acquis à Lens.
Face à la Colombie, à Gerland donc, une place en finale se joue à 18 heures. La Colombie est un adversaire redoutable mais les joueurs africains sont déterminés, à l’image du discours d’avant match du robuste Marc Vivien Foé : « les gamins, même si il faut mourir sur le terrain, il faut gagner cette demi finale ». Ces propos seront malheureusement prémonitoires…
Les Camerounais prennent la mesure de leurs adversaires dès les dix premières minutes en ouvrant le score par l’intermédiaire du Sedanais, N’Diefie. Ensuite, ils tenteront de conserver cette avance. A la 69ème minute, Bill Tchato, le défenseur des lions indomptables, est expulsé. Quelques minutes auparavant, le staff camerounais constate la fatigue de Foé, comme le confie le sélectionneur allemand Shaeffer « Le médecin et moi-même trouvions qu’il semblait à court d’énergie. Mais Marc a refusé de sortir, il a dit qu’il se sentait bien ».
A la 71ème minute le Colombien Jairo Patino, voit le drame se dérouler sous ses yeux. Son adversaire du jour, est tombé au sol sans contact préalable. Le roc camerounais de presque deux mètres est au sol impuissant, les yeux révulsés, le joueur colombien prévient l’arbitre qui fait rentrer les soigneurs. Comme le dira Guy Roux à l’antenne les soigneurs mettent du temps à intervenir et semblent dépassés par la situation. Le médecin colombien est le premier à arriver au près du joueur pour lui porter secours « Il était inconscient mais il respirait. Il a repris connaissance avant de la reperdre à nouveau » déclare-t-il. Allongé sur une civière les joueurs, remplaçants, staff technique, spectateurs et téléspectateurs assistent impuissants à la sortie du colosse africain. Les médecins tenteront de le réanimer avec message cardiaque, en vain… A 20h30 la nouvelle tombe le numéro 17 de la sélection camerounaise, Marc Vivien Foé, est décédé.
La suite n’a alors que trop peu d’importance, le Cameroun se qualifie en finale face à la France. Le vœu de Foé est exaucé mais le Cameroun perd un de ses fils et c’est la planète entière du football qui perd un des siens.
Après de multiples discussions et hésitations, le Cameroun jouera finalement la finale comme l’aurait « souhaité Marc Vivien Foé » et la perdra 1-0 sur un but de Thierry Henry qui rejoint par ses coéquipiers pointent leurs doigts vers le ciel en hommage au Camerounais. Le buteur français déclarera « Je dédie ce but à Foé, je sais que c’est rien mais c’est tout ce que je peux faire.. ». Desailly invita également Rigobert et Song, capitaine des lions indomptables, à soulever le trophée avec lui.
En demi-finale également après un pénalty stoppé face aux Turcs, Coupet regarda le ciel pour rendre hommage à son ancien coéquipier. Jacques Santini, sélectionneur français de l’époque qui a également entrainé Foé à Lyon, dira même que « c’est lui (Foé) qui nous a aidés sur ce penalty ».
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Un homme respecté :
Il restera, de Marco Foé, comme le surnommait ses coéquipiers, l’image d’un joueur doté d’un physique impressionnant, de combativité et de qualité de récupérateur exceptionnelle. Son palmarès parle pour lui : deux championnats de France et deux coupes de la ligue avec Lens puis Lyon. Et aussi 68 sélections avec l’équipe du Cameroun pour deux coupes d’Afrique des nations remportées. A 28 ans, il aurait pû (dû) conquérir encore bien d’autres trophées.
Mais ce sont, surtout, ces qualités humaines que l’on retient. Comme le déclare l’épouse de Foé, son mari possédait une maturité supérieure aux autres, il réfléchissait beaucoup et ne se laissait pas manipuler. Un homme intelligent, réfléchi ce qui lui permet, comme sur le terrain, de prendre les bonnes décisions. Par ces décisions justement, le colosse de Yaoundé, était un leader. C’était un « leader qui ne cherchait même pas à l’être, il l’a été parce qu’il avait naturellement les ressources, un don qui faisaient qu’il était leader » pour Patrick M’Boma, attaquant camerounais. En effet, avec le Camerounais les discours inutiles étaient absents comme il le confiait lui-même « J’ai toujours pensé que quand je n’ai rien à dire je préfère me taire.» Pour Greg Coupet, Foé était « un mec extraordinaire, un grand frère dans un groupe, celui qui montrait la voie ».
Sa gentillesse et sa douceur hors du terrain permettent à son sélectionneur de le qualifier ainsi « j’ai côtoyé beaucoup de joueurs égoïstes lui c’était tout le contraire… Merci pour tout ce qu’il a fait pour moi ». Guy Roux, lui aussi, ne tarit pas d’éloges sur l’ancien joueur lyonnais « C’est un garçon très gentil, que j’ai côtoyé à ses débuts en D1 parce qu’il devait tout d’abord venir à Auxerre. Cela ne s’est finalement pas fait car il est allé à Lens, mais chaque fois que nous les affrontions, il faisait le tour du terrain pour venir me dire bonjour, je crois qu’il me considérait un peu comme un père ; vraiment, quelqu’un de bien de ce jeune homme »
Sur sa tombe est écrit « Parvenu à la perfection en peu de temps, il a atteint la plénitude d’une longue vie» une phrase bien choisie pour l’homme qu’était Marco Vivien Foé.
Mais n’oublions pas un lion ne meurt jamais il dort…